En 1901, la Pauline d’Hypolyte GUINARD disposait du vent comme seule énergie de propulsion. Déjà de grands armateurs avaient installé des machines à vapeur sur leurs plus grands voiliers dans un souci de rendement, mais il faudra compter plusieurs décennies avant que disparaissent bisquines, lougres et autres chaloupes de nos côtes.

Deux raisons expliquent cette résistance des bateaux traditionnels face aux tentations du progrès.

La première tient à la perfection technique de gréements capables de pratiquer la pêche, de draguer les huîtres sauvages et de traîner le chalut à perche, dans les conditions propres à chaque baie mais aussi d’effectuer des navigations lointaines dans des conditions beaucoup plus extrêmes.
C’est ainsi que de septembre 1907 à juillet 1909 un petit Ketch de pêche français de 17 mètres seulement, le J.B. Charcot, permit aux deux frères Rallier du Baty et quatre hommes d’équipage de se rendre de Boulogne à Melbourne après avoir exploré Tristan da Cunha et une partie des îles Kerguelen. La péninsule Rallier du Baty à Kerguelen témoigne de l’importance de ce voyage pour notre connaissance des îles australes sub-antarctiques ainsi que des qualités exceptionnelles de ces vieux gréements.
La seconde tient à la maîtrise des manœuvres de ces voiliers par des marins formés selon des méthodes traditionnelles très anciennes.

Il ne faut pas oublier que ces liens étroits entre l’homme et le voilier de travail remontent à plusieurs milliers d’années d’héritages, d’expériences et d’échanges de savoir-faire entre les peuples. Ces techniques mises en oeuvre tout autour de la Bretagne ont bénéficié des influences multiples de navigateurs.
Les Phéniciens ont navigué tout autour de l’Europe et les Normands ont découvert Terre-Neuve et probablement l’Amérique bien avant Christophe Colomb.
Ces bateaux dont nous célébrons la beauté ont été conçus et fabriqués dans des chantiers dont certains ont acquis une renommée internationale. Une telle évolution des techniques et des pratiques humaines ne pouvait s’éteindre en quelques décennies sous l’impulsion du machinisme.
Ce sont les raisons pour lesquelles il ne faut pas perdre de vue que la Pauline, au moment de sa construction représentait ce qui se faisait de mieux : elle était dans le vent.
Crédit photos: Histoire maritime bretagne Nord